L'aube fleurie

Il aimait voyager sur les flots impétueux.

Son cœur aventureux voulait goûter à tout.

Aussitôt arrimé, il repartait, joyeux,

Appelant de ses vœux aventure à son goût.

Elle était oiseau libre au ciel de fantaisie,

Cette douce folie en son être trop sage.

Elle aspirait à vivre un amour infini,

Elle était sans pays, et elle était sans âge.

Il courait sur la lande, ou s’envolait parfois

A bord de l’ULM de sa soif d’explorer.

Pour que le ciel l’entende, il forçait sur sa voix.

Le chevalier bohême hélait sa liberté.

Il la vit de là-haut, tournée vers la rivière,

Où glissaient lentement deux fiers cygnes princiers.

Le temps était au beau. Une belle lumière

Scintillait dans le vent parfumé de muguet.

Intrigué, il voulut en savoir un peu plus

Sur cette étrange fée promenant son regard

Sur la terre et les nues, les prairies, les talus,

Semblant s’en enivrer, tel d’un précieux nectar.

Il descendit alors pour se poser sur l’herbe,

S’approcha lentement derrière l’inconnue.

Un silence de mort narguait de sa superbe

Tout l’espace et le temps, lesquels n’existaient plus.

La fée dut percevoir plus qu’elle n’entendit

Ses petits pas discrets effleurant le sol vert,

Car à ce qu’il put voir, ce fut ce qu’il se dit

Quand il vit son reflet trembler dans la rivière.

Elle se retourna, lentement, avec grâce,

Et plongea aussitôt ses yeux bleus dans les siens.

Ils avaient un éclat qui vous figeait sur place,

Electrisait la peau, pénétrant votre sein.

Elégante sans fard, les pommettes jolies,

Une bouche attirante au carmin naturel,

Ce fut seul son regard qui pourtant le séduit

En sa mine charmante auréolée du ciel.

D’abord elle ne vit qu’un étonnant plumage

A l’apparence humaine, envoyé par les cieux.

Surprise elle se dit qu’il n’était qu’une image

Crée par elle-même au plus fort de son vœu.

« Jamais un vœu ne peut vibrer d’un tel regard,

Une illusion ne peut sourire le soleil »,

Hésita-t-elle un peu comme on laisse au hasard

Le choix d’un prompt adieu ou d’un bonjour de miel.

Ce fut lui qui parla en premier, et très haut.

Il avait une voix à défier le tonnerre.

De crainte elle n’eut pas, saisissant aussitôt 

Son cœur vraiment très las de parcourir la terre.

D’errements en combats et victoires amères,

Il était fatigué sans en avoir conscience.

Il ne demandait pas, ne faisait de prières,

Mais son âme endeuillée chuchotait en silence.

Aussi elle sourit à cette âme blessée,

Et ce fut un soleil d’une autre voix lactée

Qui tout à coup saisit leurs deux cœurs embrasés

Sous la voûte du ciel d’un printemps parfumé.

Ce fut ainsi qu’un jour, une fée de la terre

Vit un prince du ciel croiser sa destinée,

Lequel fut par l’amour, de son vol ordinaire

Sous un ardent soleil pour toujours détourné.

Elle emmena au ciel son chevalier du vent

Et lui fit découvrir une autre liberté.

Il offrit un soleil à sa fée « bois dormant »

Dont le cœur put s’ouvrir à l’amour révélé.

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  Aimer l’âme de quelqu’un, c’est l’aimer vraiment. Car c’est accueillir son être authentique. Son essence. Sa quintessence. Sa part divine. Peut-être même que c’est découvrir l’amour pour la première fois.

  Aimer la douceur d’un visage ou les courbes harmonieuses d’un corps est l’affaire d’un esthète, dans le meilleur des cas d’une personne momentanément amoureuse.

  Désirer avec force les attirer à soi, est celle d’un séducteur ou d’une séductrice.

  Vouloir se les approprier, celle d’un conquérant à l’ego castrateur.

  Lorsque visage et corps ont disparu de la sphère de rayonnement de l’être amoureux ou séducteur, le monde autour de lui demeure tel qu’il était auparavant, rien n’a changé ni ne changera. Il conserve juste entre les mains, comme preuve tangible que l’être « aimé » a bien existé, son écorce sans vie, inodore et décolorée.

  Aimer l’âme d’une personne est d’une tout autre nature. C’est sonder à chaque instant, consciemment, ou malgré soi parfois, les profondeurs infinies de son être. Jusque dans ses recoins les plus mystérieux, les plus insondables et les plus inaccessibles. C’est s’en émerveiller à chaque nouvelle perle découverte. Aimer l’âme d’une personne, c’est accepter la totalité de son être, corps et esprit, avec ses défauts et ses qualités, ses différences, ses imperfections, ses limitations, ses zones d’ombre autant que ses éclairs de lumière. Aimer l’âme d’une personne, c’est, de ses propres rayons, capter la vibration des siens et s’en sentir transporté et submergé de bonheur infini.

  Quand on a touché l’âme d’une personne, c’est que l’on a tissé entre elle et sa propre âme un lien hors de l’espace et du temps, aussi solide que le roc, indestructible, éternel. Personne ne peut rompre ce lien, y compris soi-même par peur de perdre sa liberté. Un être peut rompre ses liens avec un autre, avec ou sans son consentement, mais leurs âmes, elles, si elles se sont connectées un jour, le resteront pour toujours. Les liens d’âme ne sont pas des chaînes de prisonniers, nulle crainte à avoir, car aucune âme ne peut être emprisonnée. Notre âme est la représentation holographique du divin en nous et en possède les qualités extraordinaires. Elle vibre sur une autre fréquence, là où l’ego n’est pas, là où règne l’harmonie universelle. Aimer l’âme de quelqu’un, c’est toucher au sacré du divin.

  C’est pourquoi aimer l’âme de quelqu’un, c’est aimer vraiment. 

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