La clé de l'énigme sur la porte du faux toit (toi) (suite loggorallye de Ghislaine)
Loggorallye de Ghislaine n°2
Le défi est de placer les 9 mots suivants dans le texte,
dans l'ordre où ils se présentent.
Croire, subir, prendre,
ragots, sombre, parfois,
coupable, compassion, vie
LA CLE DE L'ENYGME SUR LA PORTE DU FAUX TOIT (toi) (suite)
"Non, je ne peux pas le croire, se dit Caroline. Comment est-ce possible ? Il y avait bien un manoir à la place de cette jolie maison il y a à peine quelques minutes ! Je n’ai tout de même pas rêvé ! Suis-je en train de perdre la tête ? Mais qu’est-ce qu’il se passe dans ma vie en ce moment ? Qu’ai-je fait pour mériter de subir autant d’ennuis et de déconvenues en tous genres ? D’abord mon lave-linge qui tombe en panne, suivi de ma chaudière, ma télévision, puis comme si ça ne suffisait pas, la foudre qui tombe sur le toit de ma maison… J’ai eu bien de la chance de ne pas avoir subi trop de dégâts, d’ailleurs… Tu me diras, mes appareils électriques sont morts juste avant l’arrivée de la foudre, alors… ils ne craignaient plus rien. C’est étrange ça, d’ailleurs. Je me demande si je dois le prendre pour un signe."
Caroline se moqua d’elle-même : "tu divagues, ma pauvre, le seul signe à voir dans tout ça, c’est une poisse puissance dix. Heureusement que ma chère collègue Violaine qui m’apprécie tant n’est pas au courant de tout ça, d’ailleurs. Elle aurait largement de quoi alimenter ses ragots sombres et nauséabonds pour au moins six mois. Enfin… laissons-là ces divagations, et revenons à nos moutons. La raison voudrait que j’y retourne… pour en avoir le cœur net… Mais… non. Non, non. Ce n’est pas normal, tout ça. Que ce soit moi qui hallucine ou non, mieux vaut que je m’éloigne d’ici au plus vite, je le sens. Je vais prendre à droite, puis filer en direction du lac, tiens. Voilà ce qu’il me faut : une petite balade bucolique autour du lac pour me remettre les idées en place. Ça ne pourra que me faire du bien."
Au moment même où elle prit cette sage décision, retentit derrière elle une voix caverneuse au timbre inquiétant qui la fit sursauter :
- Pourquoi n’es-tu pas entrée dans la maison, douce Caroline ?
La jeune femme lança un regard effrayé dans le rétroviseur et sentit aussitôt ses jambes la lâcher, tandis qu’un frisson d’angoisse lui parcourait l’échine. Louis était assis à l’arrière. Il répéta sa question avec cette voix d’outre-tombe qu’elle ne lui connaissait pas :
- Alors ? Dis-moi pourquoi tu n’es pas entrée dans la maison.
Il est parfois de ces situations qui vous paralysent et vous rendent aphones. Vous n’y pouvez rien. Vous n’avez pas la main. Vous ne maîtrisez plus rien du tout. Et au cas présent, ce n’était guère étonnant. L’homme qui se trouvait à ce moment à l’arrière de la voiture était Louis et quelqu’un d’autre en même temps. Son visage était le même, mais avec une expression plus dure et un regard plus froid. Quant à sa voix… Caroline n’avait jamais entendu un tel horrible timbre de voix. Même dans les plus effrayants thrillers qu’elle avait pu visionner au cours de sa vie.
- Pourquoi tu ne réponds pas ? Réponds ! lui ordonna-t-il.
- Je… je…
Caroline ne trouvait plus ses mots. Tout s’embrouillait dans sa tête. Mille pensées désordonnées lui arrivaient tel un essaim de guêpes agressives. Qu’est-ce qu’il fait là ? se demanda-t-elle. Comment se fait-il que je ne l’aie pas vu en entrant dans la voiture ? Ainsi, ce n’était pas dans la maison qu’il m’attendait, mais ici. Il m’observait de loin."
- Ce n’est pas très poli de ne pas répondre aux questions, Caroline. Et ma patience a des limites, insista la voix terrifiante de Louis.
A ces mots, curieusement, la jeune femme se sentit coupable. Coupable de ne pas lui avoir encore répondu. C’en eût été presque risible, si ce n’était si effrayant. Ce type visiblement dépourvu de la moindre compassion lui parlait d’un ton à vous glacer le sang, et c’était elle qui se sentait coupable. Elle n’avait rien fait pour mériter ça, pourtant, rien. Elle ne se souvenait pas lui avoir manqué de respect. A aucun moment.
- Je sais ce qui te trotte dans la tête en cet instant, poursuivit la voix. Tu te dis : il devait m’observer de la voiture. Peut-être avec des jumelles. Eh bien, oui, bonne déduction de ta part. D’ici, j’ai pu te contempler tout à loisir en train d’avancer vers l’entrée de la maison, de ta jolie démarche chaloupée.
Après cette tirade, il se tut. Caroline regarda de nouveau dans le rétroviseur, et ce qu’elle vit dans le regard de Louis lui fit encore plus froid dans le dos. Elle n’eut plus aucun doute sur ses intentions cachées.
- Je disais donc que je t’ai vue avancer, poursuivit-il, mais je n’ai pas compris pourquoi tu as fait subitement demi-tour au moment d’entrer. Et maintenant tu vas me dire pourquoi, et rapido.
Caroline sentit cette fois de la colère dans la voix de son ravisseur. Elle voulait bien lui répondre, mais à tous les coups il ne la croirait pas. Logique, elle ne se croyait pas elle-même. Elle n’avait jamais connu situation plus rocambolesque de toute sa vie. Elle choisit pourtant de se jeter à l’eau. Absurde pour absurde… Elle omit toutefois de préciser qu’elle, elle avait vu un manoir à la place de la maison.
- La porte s’est refermée sous mon nez, en claquant très fort. J’ai pris peur.
Pendant quelques secondes, silence dans l’habitacle. Puis Louis répondit d’une voix agacée :
- Comment ça, la porte s’est refermée ? Qu’est-ce que tu racontes ? J’ai tout vu d’ici. La porte est restée grande ouverte. C’est toi qui as fait demi-tour.
- C’est vrai… je t’assure, insista Caroline. Et ce n’est pas tout. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans ma tête, et tu ne vas sans doute pas me croire, mais j’ai vu un manoir étrange à la place de cette maison. Je suis peut-être en train de perdre la tête, je ne sais pas, mais c’est ce que j’ai vu, en tout cas.
L’homme resta silencieux pendant plusieurs secondes. Durant ce laps de temps, Caroline aurait juré l’avoir entendu marmonner : « ça n’a pas marché ».
Mais il reprit très vite ses esprits et lui ordonna :
- Roule ! On va faire encore un kilomètre, puis tu prendras la route sur la gauche.
- D’accord, obtempéra Caroline d’une voix faible, ses mains tremblant sur le volant.
« Mon Dieu, qu’est-ce qu’il a derrière la tête ? » se demanda-t-elle avec angoisse.
Elle eut à peine fini de se poser la question, qu’elle eut une nouvelle vision. Ce qu’elle vit, cette fois, lui fit tourner vivement la tête sur le côté en tendant le cou à s’en démettre une vertèbre. Elle n’en croyait pas ses yeux exorbités.
Sur le bas-côté de la route se trouvait Louis. Le Louis qu’elle connaissait, sympathique et souriant, mais qui arborait cette fois une mine inquiète, voir paniquée, et qui lui faisait de grands gestes du bras pour qu’elle s’arrête. Stupéfaite, Caroline jeta un regard dans le rétroviseur : Louis était toujours là, pourtant. En tout cas, l’autre Louis, le Louis au visage agressif, qui lui ordonna, tout en la menaçant d’un couteau :
- Ne t’arrête pas. Fonce !
(Suite et fin au prochain épisode)
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