L'âge de raison
Pour la plupart d'entre nous, la majorité signe l'entrée dans l'âge de raison. Jusqu'à cette date, nous pouvions nous permettre quelques erreurs, ces fameuses erreurs de jeunesse par lesquelles tout un chacun a le droit de passer. Après dix-huit ans de vie (vingt-et-un il n'y a pas encore si longtemps, et toujours dans certains pays), tout cela est terminé.
Le jour même de vos dix-huit ans, (de quoi vous laisser le temps de savourer un peu ce passage si espéré dans le monde des « grands »), vous vous entendez dire : « Maintenant, tu es majeur, tu dois faire face à tes responsabilités, t'assumer, entrer dans le réel, abandonner toutes ces distractions, ces idées utopiques, être pragmatique, penser à ton avenir, etc., etc.…
Waouh ! Quel témoignage de bienvenue dans le monde adulte ! Vous sortez à peine de l'enfance, où là, tous les rêves sont permis. Tant que vous êtes petits, on veille même particulièrement à ce que puisse s'affirmer librement votre sens créatif. Puis, dès que vous passez la frontière, sans même s'inquiéter de savoir si vous possédez un passeport, un titre de séjour ou même un simple visa pour la vie adulte, on vous dit : « fini de rire, fini de rêver, maintenant c'est du sérieux, voilà le moule, entre dedans et tout ira bien.» On vous le dit gentiment, parfois sentencieusement, rarement autoritairement. Mais gare à vous si avez l'inconscience de refuser !
Et puisque c'est ainsi, puisque tous les adultes qui vous entourent semblent d'accord avec cette idée, et puisqu'il en va ainsi, depuis des générations et des générations, vous finissez par y adhérer. C'est la seule chose qu'il vous semble raisonnable de faire si vous voulez maintenir de bonnes relations avec vos proches.
Raisonnable…Le mot est lâché. Oui, à l'âge de raison, il faut être raisonnable. Les rêves, ça ne fait pas sérieux. Les rêves, c'est bon pour les poètes… Il faut penser avant tout à faire sa vie : trouver un travail, un compagnon ou une compagne, faire des enfants… Du réel ! Du nécessaire ! De l'utile ! Du sérieux ! Et puisque tout le monde a l'air de penser la même chose, vous vous dites que c'est peut-être vous qui n'êtes pas dans le vrai, que c'est peut-être vous qui avez tort. Alors, sans toutefois entrer tout à fait dans le moule, vous en présentez tout de même l'apparence, pour avoir la paix et pour ne pas vous isoler. Mais au-dedans de vous, ça bouillonne, ça gronde, ça va bientôt exploser. Parce que pour entrer l'un de vos bras dans le moule, vous avez laissé tomber votre rêve le plus cher, celui qui aurait pu vous ouvrir les portes de la liberté.
Qui a dit que les rêves ne peuvent féconder que de la vapeur ? Et même si c'est vrai, si cette vapeur a pour nom liberté, et qu'elle vous permet pour un temps de planer au-dessus de la médiocrité d'une vie d'automate, qui vous en fera le reproche ?
Accroche-toi à tes rêves, mets toute ton énergie à les faire aboutir, avec volonté, patience, joie, amour, enthousiasme. Tu seras fier de toi-même et heureux. Cela vaut mieux que tous les plus jolis moules du monde.
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