L'aube fleurie

L'aube fleurie

Etre

Femme zen sur l'herbe.jpg

 

 

Être, c’est être sage sans être, cependant étranger au fou ; c’est être fort mais non pas pour causer la perte du faible ; c’est jouer avec de jeunes enfants, non comme un père, mais plutôt comme un compagnon qui veut s’initier à leurs jeux.

C’est être simple et franc avec les hommes et les femmes âgés, c’est vous asseoir avec eux à l’ombre de vieux chênes, alors que vous continuez à marcher avec le printemps.

 

C’est partir à la recherche d’un poète, même s’il vit au-delà des sept fleuves, et être en paix en sa présence, sans besoin ni doute, sans une question sur les lèvres.

 

C’est savoir que le saint et le pêcheur sont des frères jumeaux, dont le père est notre Gracieux Roi, et que l’un deux est né un instant avant l’autre, nous le considérons comme le Prince héritier.

C’est suivre la beauté, même si elle nous conduit au bord du précipice ; et bien qu’elle soit ailée alors que vous ne l’êtes pas, et bien qu’elle saute par-dessus le bord, suivez-là. Car où la beauté n’est pas, il n’y a rien.

 

C’est être un jardin sans murs, une vigne sans gardien, une maison au trésor à jamais ouverte à tout passant.

 

C’est être volé, trompé, abusé, oui, induit en erreur, pris au piège  puis bafoué ; mais malgré tout, regarder du haut de votre plus grand moi et sourire, sachant qu’un printemps viendra certainement dans votre jardin pour danser dans vos feuilles, et un automne pour mûrir vos raisins ; sachant aussi  que si une seule de vos fenêtres est ouverte à l’Est, vous ne serez jamais  vides, et que tous ceux qui sont considérés comme des brigands et des voleurs, des escrocs et des fraudeurs sont vos frères dans le besoin, et que vous êtes peut-être vous-mêmes comme eux aux yeux des bienheureux habitants de la Cité invisible, au-dessus de cette cité.

 

Et maintenant, pour vous aussi dont les mains façonnent et découvrent toutes ces choses nécessaires au confort de nos jours et de nos nuits,

Être, c’est être un tisserand aux doigts clairvoyants, un bâtisseur soucieux de lumière et d’espace ; c’est être un laboureur qui ressent que, dans chaque graine qu’il sème, il cache un trésor ; c’est être un pêcheur et un chasseur, ayant pitié du poisson et du gibier, mais ayant plus grande pitié de la faim et des besoins de l’homme.

Et surtout je vous dis ceci : je voudrais voir chacun de vous sans exception s’associer aux desseins de tout homme, car c’est ainsi seulement que vous pourrez réaliser vos vertueux desseins.

Mes camarades bien-aimés, soyez audacieux et non craintifs ; soyez ouverts et non bornés ; et jusqu’à ma dernière heure et la vôtre, soyez vraiment votre plus grand moi.

 

Khalil Gibran

 

 

 

 

 

 

 

 

 



09/09/2019
10 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 169 autres membres