L'aube fleurie

« Encore un jour de pluie, demain il fera beau »,

Disait toujours l’oiseau, à son enfant chéri.

Mais le ciel était bas, l’horizon était noir,

Aucun souffle d’espoir dans l’air tristement las.

Et l’oisillon pleurait comme pleure fontaine,

Comme coule la peine, emportant les regrets,

Sous les sombres nuages où perçait malgré tout

Le rayon fier et fou d’un soleil sans visage.

Soudain, les branches nues des arbres endeuillés

Se mirent à bouger sous la voûte des nues,

Et le rai resplendit, tandis que s’entrouvrait

Un large pan épais du rideau de la nuit.

Une douce lumière, irisée de tendresse

Fit comme une caresse, trembler la terre entière.

Un splendide arc-en-ciel aux couleurs paradis

Déposa sur le gris une tendre merveille.

Dans les yeux remplis d’eau du farouche oisillon

Brilla l’autre horizon reflété tout là-haut,

Par le bleu infini marié au violet,

De rouge accompagné et au beau jaune uni.

Et le temps s’arrêta, au souffle magicien

Qui créa ce matin, ce parfum d’au-delà

Qui éveille les sens à l’amour de la vie,

À l’espoir infini d’une heureuse existence.

D’un sourire ravi, l’oiseau guetta, confiant,

Le retour imminent du soleil étourdi

Qui avait oublié, simplement, ce jour-là,

Qu’il devait cette fois, prestement se lever,

Car il avait bien vu le chagrin du petit

Et ses rais attendris pour lui s’étaient émus.

Avec l’aide du vent qui reprit sa vigueur,

De toute son ardeur, il brilla vaillamment.

Bientôt tout devint clair, joyeux et pétillant.

Dans les prés verdoyants, couchés près de la mer,

Les corolles s’ouvrirent et la rosée sécha.

La nature embauma au souffle du zéphyr.

Le petit oiseau bleu qui tremblait sous la pluie,

Découvrit, l’air surpris, ce moment fabuleux

Et crut enfin au ciel qui chérit les enfants,

Oublia ses tourments et siffla au soleil.

 M