L'aube fleurie

Atelier de Ghislaine n° 221:

1.Ecrire un texte comportant les mots suivants :

Chaud vent solaire volets tranquille

2.ou ces 6 autres:

Fraîcheur lenteur ardeur émotion sensation motion

3.ou au moins 5 mots commençant par L

4.ou des mots comportant le son « ale »

5.ou ressenti sur image

J'ai rasssemblé les 5 défis en un :

EMBRUNS

  La nuit est déjà bien avancée, mais Adama ne dort pas. Allongée sur son lit, les paupières closes, elle goûte l’agréable fraîcheur de sa chambre, après le jour le plus chaud de l’été le plus solaire de l’année. Derrière les volets clos, elle écoute le vent du large qui souffle sur les dunes. Elle le visualise en train de libérer les grains de sable pour les faire danser autour des genêts, tandis que la lune pâle pose ici et là ses filets d’argent aux reflets d’opale entre les vagues écumantes. En son esprit rêveur, l’agréable lenteur nocturne rivalise toujours avec l’ardeur du jour, riche de ces émotions et sensations que nous dispense généreusement la vie. Nulle motion de censure pour contrer la générosité de Dame Nature, son autre visage.

   La vie et ses cadeaux… Le jour et ses éclats de bonheur. La nuit est ses halos de douceur. Le jour accueillant la nuit. La nuit révélant le jour. Et l’homme au milieu, petit et faible, mais grand et puissant quand il est ivre de liberté et avide de sensations vitales pour son équilibre primordial, conscient de son unité avec le Tout, son principal atout.

  Adama n’y tient plus. Elle se lève, se dirige vers la porte d’un pas tranquille. Elle l’ouvre sans précipitation aucune, maîtresse de ses gestes, bien que le cœur bouillonnant. Un clair de lune atténué par un ciel chargé l’accueille sur le perron de sa petite maison balayée par un vent iodé qui soulève ses cheveux et caresse doucement son visage. Adama hume à plein poumons la force de l’océan aux embruns vivifiants, qui lui arrivent soudain en plein visage, telle une bouffée de vie, cette puissance libératrice qui vous fait tout à coup roi du monde. Pieds nus, elle se dirige lentement vers la barrière qui la sépare encore du sentier menant jusqu’au bord de la falaise. De là, elle pourra contempler de nouveau ce paysage marin qu’elle aime tant. Encore quelques pas…

  Voilà, elle y est. Le spectacle en contrebas est époustouflant. D’une telle royale beauté qu’elle pourrait rester là la nuit entière. Les nuages sont menaçants, mais la lune lui sourit. Les rouleaux écumants fouettent les rochers en y laissant la trace scintillante de leur écume, avant de se retirer de nouveau. Eternel recommencement. Banal cycle du flux et du reflux de la vague. Simple cycle de la vie, cependant toujours si émouvant. Monumental mystère, si accessible pourtant. La respiration du monde… Adama sourit devant ce fabuleux spectacle de la nature indomptée et pour toujours indomptable. En cet instant, sans aucun mal elle la comprend. La ressent. La vit. Osmose totale de leurs deux âmes. Est-ce pour cette raison qu’elle se sent soudain soulevée avec elle au-delà du réel ? Est-ce bien son corps qui flotte au-dessus de la roche, ou bien son âme qui se libère pour un instant de cette matérialité terrestre qui l’emprisonne ?

MPV