L'aube fleurie

« A vous le mystère du règne de Dieu est donné, mais pour ceux du dehors, tout devient énigme, pour que tout en regardant ils ne voient pas et que tout en entendant ils ne comprennent pas de peur qu’ils ne se convertissent et qu’il leur soit pardonné. » Marc 4 :10    

   Ce verset est très troublant, car de prime abord, il semble suggérer que tous les hommes ne sont pas dignes de pardon, notamment ceux qui refusent d’entendre les paroles de Dieu et surtout d’y adhérer. Il semble vouloir placer d’un côté ceux et celles qui écoutent ou lisent les sermons de Jésus et qui croient en sa parole, et de l’autre côté tous les autres. Est-ce vraiment ce qu’a voulu exprimer Jésus à travers ces mots ? Je ne le pense pas, car cela irait à l’encontre de ce qui fait le socle  de ses enseignements : l’Amour envers son prochain, quel qu’il soit et quoi qu’il ait fait.

   Pour comprendre ce verset, il convient de se remettre dans les conditions de l’époque. Jésus n’était pas écouté seulement par ses disciples et tous ceux et celles qui croyaient en son enseignement, mais aussi par ses détracteurs venus l’entendre uniquement pour l’espionner,  aux fins de mieux le confondre par la suite. Ceux-là ne venaient pas vers lui dans le but de s’instruire, mais dans celui de lui nuire. Ils n’étaient pas guidés par l’amour, mais par la jalousie et la haine.

   Et c’est là que réside la compréhension ou l’incompréhension de certaines paraboles de Jésus, selon que ces dernières étaient écoutées dans une intension positive et aimante ou au contraire négative et destructrice. Car c’est l’amour qui ouvre la compréhension de certains textes spirituels, au travers de l’intelligence émotionnelle. La haine, au contraire, ferme le cœur et en même temps l’accès au mystère de la divinité, puisque Dieu est Amour.

   Ainsi, les personnes négatives, guidées par la rancœur, la jalousie et la haine, se ferment-elles d’elles-mêmes à ce mystère, dont l’autre nom est Amour et dont seul l’Amour est la clé. Elles se condamnent elles-mêmes à ne pas être « converties », c’est-à-dire habitées par l’Amour, ni pardonnées pour leurs erreurs passées, puisqu’elles bloquent elles-mêmes l’accès à cette conversion et à ce pardon, de par leurs intentions néfastes.

   Heureux celui qui peut déchiffrer l’énigme du divin, car il a l’assurance que l’amour est en lui et que cet amour peut le conduire encore beaucoup plus loin que ce qu’il pense.