L'aube fleurie

L'aube fleurie

Alexis et le loup / épisode 1

 

 

 

 

 

 

 

 

     Debout dans la neige, au milieu du chemin, Alexis fixait droit devant lui, l’ami de ses vieux jours : un loup solitaire qui traînait toujours du côté de son chalet. Pendant quelques secondes, l’animal resta planté là, le fixant, lui aussi, de son regard curieusement humain. Puis sans  quitter Alexis du regard, il se mit à avancer dans la neige, soulevant ses pattes avec grâce et ampleur, lentement, comme s’il retardait volontairement l’instant de son arrivée jusqu’à lui.

 

   L’homme et l’animal semblaient se parler à travers leurs regards, s’attendaient, se guettaient, se jaugeaient, se reconnaissaient, se saluaient. Quand le loup fut à un mètre de lui, Alexis tendit lentement la main dans sa direction, tout en lui parlant :

-         Approche, n’aie pas peur, on se connaît bien maintenant, tous les deux…

Comme s’il comprenait chacun de ses mots, comme si ces mots le caressaient, le loup ferma les yeux à demi, abaissa son grand corps contre la neige et continua d’avancer en rampant.

-         Bien… bien…c’est ça…viens mon ami…

Quand il fut à sa hauteur, Alexis s’accroupit et enfouit la main dans la fourrure de l’animal en continuant à le bercer de ses mots. Le loup se laissa faire, confiant. Puis, Alexis posa sa tête sur la sienne et resta ainsi quelques instants. Après s’être détaché de lui, il soutint son regard quelques secondes, puis se releva et tourna aussitôt les talons. Le loup se mit alors à le suivre docilement.

 

      Cent mètres à peu près les séparaient du chalet. Alexis en prit le chemin, le loup sur ses talons. A aucun moment, il ne se retourna pour vérifier que l’animal le suivait toujours. Il savait qu’il était là, qu’il l’accompagnerait jusqu’au bout, même s’il entendait à peine le frottement de ses pattes sur la neige. Il existait entre eux une espèce de code du silence, comme si, après le rituel des retrouvailles, il leur fallait, à chacun, réaffirmer leur liberté, tout en acceptant de partager le même espace.

 

        Quand il eut atteint l’entrée du chalet, Alexis fit claquer ses pieds sur le plancher extérieur pour se débarrasser de l’amas de neige glacée qui alourdissait ses bottes. Puis il ouvrit la porte et tout naturellement, s’effaça pour laisser entrer le loup.

 

       L’animal prit immédiatement la direction de la grande salle de séjour où crépitait un bon feu de bois. Il s’approcha de la cheminée et s’assit près du fauteuil qui se trouvait à côté. Puis il se retourna vers l’entrée. Alexis était encore à l’extérieur, en train d’ôter ses bottes, qu’il déposa sous l’auvent. Puis il entra, referma la porte, enleva son blouson qu’il accrocha à la patère, et alla rejoindre son ami canidé près du feu. Il s’installa dans le fauteuil, et regardant dans les yeux le loup toujours assis, il lui dit :

-         Allez, maintenant, réchauffons-nous à ce bon feu de bois !

Aussitôt après avoir entendu ces mots, le loup allongea son grand corps aux pieds d’Alexis et avant de fermer les yeux d’aise, lui adressa un regard de reconnaissance.

 

 

A suivre...

 

 

 

 

 

 

 

 



07/12/2011
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