L'aube fleurie

Un homme très fatigué avançait péniblement sur un chemin pierreux, le dos courbé, les épaules basses. Il ne portait que le poids de son propre corps, mais son esprit ne cessait de lui susurrer à l’oreille qu’il portait tout le poids du monde. Alors, un simple pas était devenu une épreuve terrible.

Alors qu’il avait la tête baissée, la monotonie de ses pas lourds entre les pierres, fut brisée par la vue d’une paire de souliers très usagés qui dérapaient constamment sur le sol, soulevant à chaque pas des nuages de poussière. Il se redressa alors et vit venir vers lui un homme au dos encore plus voûté que le sien, ployant sous le poids d’une énorme valise. Son visage dégoulinant de sueur montrait tous les signes d’une souffrance intense. Alors, oubliant sa propre fatigue, il se hâta à sa rencontre pour lui venir en aide.

Sans un mot, chacun des deux hommes souleva la valise de part et d’autre. Dans les yeux soulagés de l’un,  l’autre oublia instantanément sa fatigue et son dos se redressa instinctivement pour se préparer à l’effort. Dans le regard compatissant du premier, l’autre se sentit moins seul et retrouva son courage.

A la faveur de cette rencontre inattendue, ils devinrent d’inséparables amis, et pour le restant de leur vie, se soutinrent et s’entraidèrent, brisant ainsi le cercle infernal de la solitude.

Parfois, lorsque nous traversons une période difficile, où la fatigue est si intense que nous n’entrevoyons plus aucune issue, nous nous surprenons, en ultime recours, à espérer l’intervention d’un ange dans notre vie… en oubliant que les anges sont parmi nous.

Ce sont nos voisins, nos parents, nos amis, dès lors que ces personnes nous entourent de leur affection. Mais nous ne les voyons pas, ne les entendons pas, tout préoccupés que nous sommes de nos propres malheurs.

Parfois, c’est un ange d’une nature plus… « immatérielle », qui se révèle à nous. Mais ça, c’est une autre histoire…

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