L'aube fleurie

Il arrive parfois des moments difficiles,

Où tout te semble noir, où tout te semble vide,

Où l’écho de ta voix te revient, sans couleur,

Où l’espoir a laissé la place à l’abandon,

Où tu te dis «pourquoi ? »,

Puisque jamais rien ne change,

Puisque les jours ressemblent aux jours,

Et les nuits aux nuits,

Puisque les mots d’amour se perdent en l’infini,

Puisque les mains se détachent,

Puisque les yeux se perdent,

Puisque les doux souvenirs se diluent

Dans les eaux marécageuses du temps,

Puisque rien ne dure,

Puisque rien ne tient,

Puisque tout est impermanent, évanescent, fragile…

Dans ces moments-là, ami(e),

Reviens vers toi,

Ferme les yeux,

Ecoute :

Ce n’est pas le soleil qui a cessé de briller,

C’est toi qui as fermé les volets ;

Ce n’est pas le blizzard qui te refroidit les os ,

C’est le vent de ton amertume ;

Ce n’est pas la pluie qui te mouille l’âme,

Ce sont tes larmes de détresse ;

Ce n’est pas l’horizon qui se perd dans le brouillard,

Ce sont tes illusions qui partent en fumée.

Ne cherche pas à l’expliquer,

N’essaie pas de le changer.

Ferme seulement les yeux

Et souris,

Souris à la vie qui t’a vu(e) naître,

Toi, petit enfant unique,

Aux yeux pétillants,

A la bouche gourmande,

Aux doigts impatients,

Aux jambes fébriles,

Tout empressé de découvrir le monde,

Petit enfant,

Qui ne vis que l’instant,

Sans peur ni tristesse,

Qui ne vis que la joie d’explorer l’univers…

Aime en toi la fragilité qui devient force,

L’incertitude qui devient foi vivante,

La peur qui devient assurance,

La dépendance qui devient liberté.

Aime en toi les doutes et les contradictions,

Aime même cet instant douloureux où tu te sens si seul(e),

Car c’est en cet instant-là, à la limite de toi-même,

Que renaîtra ton âme, mille fois désertée.

 M